ORIGINE DE LA SEXOANALYSE

 

Fondée par le Professeur Claude Crépault du Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal.

Vers la fin des années 70, les premières applications cliniques des recherches du Professeur Crépault sur l'imaginaire érotique l’ont amené à explorer plus à fond le rôle des forces inconscientes dans la genèse et le maintien des troubles sexuels. Il trouvait assez limité le modèle comportementaliste. Il lui semblait plutôt simpliste de réduire les troubles sexuels à des erreurs d'apprentissage, à des distorsions cognitives ou à des interférences purement conscientes. Il admettait volontiers que certains dérèglements sexuels bénins puissent être corrigés par une simple rééducation ou par un reconditionnement. Mais pour les autres désordres sexuels, il voyait mal comment on pourrait les enrayer d'une façon durable en occultant leurs significations inconscientes.

Le Professeur Crépault n'adhérait pas non plus à la conception clinique traditionnelle qui réduisait invariablement le trouble sexuel à un simple symptôme d'un état psychopathologique. Il lui semblait plus logique d'expliquer le sexuel par le sexuel, de situer avant tout le trouble sexuel par rapport à l'histoire sexuelle et aux conflits qui ont pu en résulter, ou de le voir, à la limite, comme le symptôme d'une autre anomalie sexuelle plus large (par exemple, l'impuissance en tant que symptôme d'une perturbation de la “genralité” ou d'une “dysphorie intersexuelle”). Il lui apparaissait légitime de postuler que les troubles sexuels ont leur propre trajectoire, qu'ils ne sont pas nécessairement des symptômes de psychopathologie et qu'ils doivent être travaillés cliniquement d'une façon spécifique.

Un travail d'analyse focalisé sur le désordre sexuel lui semblait nécessaire mais non suffisant pour entraîner un changement. Il fallait en plus une expérience corrective. Il croyait que cette expérience devait passer par l'imaginaire avant d'entrer dans le réel. Découvrir, dans un premier temps, les conflits et les anxiétés inconscientes dont le trouble sexuel est porteur, et, dans un deuxième temps, les neutraliser par un travail systématique sur l'imaginaire.  Initialement, c'est cette approche thérapeutique qu’il a appelé la sexoanalyse.

Les essais cliniques initiaux ont été assez décevants. Le Professeur Crépault avait sélectionné quelques délinquants sexuels, des pédophiles en particulier. Ceux-ci étaient très réticents à parler de leur imaginaire et de leur vécu érotique. Dans l'espoir d'être libérés de prison, ils avaient tendance à nier ou à sous-estimer leur responsabilité dans leurs agirs délictuels et à se percevoir plutôt comme des victimes. Certains, en apparence plus motivés par le travail thérapeutique, laissaient croire à des mutations spectaculaires dans leur mode d'érotisation. Des métamorphoses qui restaient aux yeux du Professeur Crépault trop près de l'invraisemblable.

Toujours dans un contexte expérimental, le Professeur Crépault a essayé par la suite d'appliquer la méthode sexoanalytique à des patients présentant un trouble de l'orientation sexuelle (homosexuels égodystoniques) ou à des patients dont la dysfonction sexuelle n'avait pu être résolue par une sexothérapie comportementale. Les résultats furent nettement meilleurs.  Cela l'a incité à continuer ses recherches et à parfaire la méthode sexoanalytique. En 1984, il a eu la possibilité d'introduire la sexoanalyse dans le programme de Maîtrise en sexologie clinique offert par le Département de sexologie de l'Université du Québec à Montréal. Depuis lors, plusieurs dizaines d'étudiants ont suivi la formation théorique et ont effectué, sous sa supervision, leurs stages cliniques en sexoanalyse. Cela lui a permis de peaufiner le modèle sexoanalytique et de mieux délimiter son champ d'application.

Afin de donner plus de consistance à la sexoanalyse, il lui est apparu important de l'asseoir sur une théorie originale du développement psychosexuel. Pour ce faire, il s’est appuyé sur les recherches empiriques contemporaines en sexologie. Il a aussi puisé dans le savoir psychanalytique. Il a été particulièrement influencé par les travaux du Professeur américain Robert Stoller qui l'ont grandement aidé à faire une nouvelle lecture du développement psychosexuel et de ses vicissitudes.

En ce qui a trait au développement de la “genralité”, la théorie sexoanalytique suppose l'existence d'une féminité primaire (protoféminité) commune aux deux sexes. La masculinité est vue comme une construction secondaire facilitée par la mise en veilleuse des composantes féminines de base et l'émergence de l'agressivité phallique (principe additif). Un processus discontinu qui a pour effet de rendre plus vulnérable l'identité masculine. Cela contraste avec la théorie freudienne qui voit plutôt la féminité comme une élaboration secondaire résultant du “deuil du manque phallique”.

Dans la théorie sexoanalytique, la sexualité est considérée comme étant essentiellement un construit psychique. Cela signifie, entre autres, que la force de la libido et les directions qu'elle prend dépendent principalement de leurs significations intrapsychiques. Une prépondérance du psychique sur le biologique et le social est ainsi accordée.

 

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